mercredi 2 septembre 2015

02.09.2015 9ème étape

Najera - Granon  33 kms 7h30.



Heureux toi le pèlerin,  si peu à peu ton sac se vide de choses et ton coeur ne sait plus où garder tant d'émotions. 
Éternel rituel, lever dans le noir et à pas feutrés je me prépare pour quitter la ville à 6h30. Comme chaque matin, je retrouve l'excitation des départs en vacances de ma jeunesse, lorsqu'il fallait se lever très tôt. Mais là, je m'affaire dans le calme absolu, chaque geste pour refaire mon sac est fait à l'aveugle, mais pourtant précis.

Les premières foulées m'extraient de la ville par une rue en pente afin de rejoindre, les collines la surplombant.
Celles-ci sont  faites de roches rouges, dans lesquelles les hommes ont creusé des cavités pour y habiter ou se protéger.


Et sur ces roches les vignes semblent y trouver leur bonheur pour offrir du bon raisin.

Arrivé au sommet, je me retourne pour voir une dernière fois l'agglomération éclairée et endormie. Je me sens comme un papa sortant de la chambre de son enfant pour s'assurer qu'il dorme bien et lui laisse une petite veilleuse allumée pour qu'il n'ait pas peur.


Le sentier étant très vallonné,  je vois des petites lumières scintiller au loin, de ci, de là.  Ce sont les lampes frontales de nos jacquaires. Mais très vite elles seront inutiles car l'aube se lève malgré les nuages, les cailloux blancs disséminés sur cette terre rougeâtre forment un pointillé que seul le petit poucet aurait été capable de semer.

Je me dirige vers le petit village d'Azofra puis Ciruena et nous quittons les terres vinicoles de la Rioja. Je redescend vers la ville de Santo Domingo de la Calzada à travers les plaines céréalieres.


Visite de la très belle cathédrale San Domingo, célèbre pour le poulailler qu'elle abrite à l'intérieur.








Cette histoire narrée dans le livre des Miracles de St Jacques ( partie du Codex Calixtinus) est donc celle du Coq et de la Poule encore nommée "Miracle du Pendu Dépendu".

Un jeune homme faisait route vers Compostelle avec ses parents. Dans une auberge, une servante s'amouracha de lui et voulut le séduire. Mais celui-ci refusa ses avances. Pour se venger, la jeune fille cacha une coupe d'argent dans le sac du jeune homme. Le lendemain, après son départ, elle constate l'absence de cette coupe qui n'est plus dans l'auberge et accuse le jeune homme de vol.
La maréchaussée poursuit donc le "voleur", le rattrape, trouve la coupe dans son sac et le jeune homme est condamné à la pendaison. Ses parents consternés continuent leur route vers St Jacques en priant pour leur pauvre fils.
En revenant de Compostelle, ils repassent par la bourgade de San Domingo et miracle, trouvent leurs fils toujours vivant au bout de sa corde. San Domingo lui a soutenu les pieds pendant tout ce temps pour éviter qu'il ne s'asphyxie et ne meure. Les parents vont alors trouver le juge, lui racontent le miracle et le supplient de dépendre leurs fils.

Le juge qui s'apprête à se mettre à table devant des poulardes rôties s'exclame alors: " votre fils est vivant autant que ces gallinacés que vous voyez rôties devant moi."  Une des poules ressuscite alors et s'envole devant l'assistance émerveillée. Le juge, ébahi, consent alors à dépendre le jeune homme qui raconte la mauvaise fortune qui a été la sienne. Et tout le monde rend hommage au grand Saint.

Après avoir pris une tortilla dans un bar je repars cheminer vers Granon et son auberge San Juan Batista qui se trouve à 1h15.


Là encore visite du petit bourg, dont l'église extérieurement n'a rien d'extraordinaire,  mais qui renferme un magnifique rétable richement décoré.



Ce soir dîner à l'albergue autour d'une table familiale.  Nous sommes 10 convives, 4 français,  2 Brésiliens, 2 australiennes et 2 italiens. Quel joyeux capharnaüm. Les échanges se font dans les différentes langues, italiens, français,  portugais, anglais, entraînant ainsi, souvent des éclats de rire.