lundi 31 août 2015

31.08.2015 7ème étape

Los Arcos - Logrono - 30 kms - 6h30.



Heureux toi le pèlerin, lorsque tu contemples le chemin et tu le découvres plein de noms et de petits jours.




Réveil à 5h15,  la chambrée se lève petit à petit, chacun à son rythme, dans le noir. Seuls quelques rayons de lumière de l'éclairage public éclairent la pièce, par les interstices des volets. Une fourmilière s'anime dans le silence et les gestes sont lents, car ils sont faits à tâtons. Pour refaire les sacs à dos, les lampes frontales ou de poches s'allument successivement.  Ainsi se fait un jeu de lumière dans la pièce faisant plus penser à un film d'Alfred Hitchcock qu' au départ d'un club de randonnée.

Mon voisin de lit m'indique que cette nuit nous avons eu un violent orage avec une forte pluie. Moi, je n'ai rien entendu, je dormais du sommeil du juste, sans doute le bénéfice des bonnes randonnées quotidiennes,  bien meilleur que n'importe quels somnifères.
Je quitte donc l'albergue à 6h15, dans la nuit. Une fois la dernière maison du village dépassée, plus d'éclairage. Je suis mon chemin à la seule lueur de la pleine lune, suffisante pour deviner ce sentier blanc qui serpente parmis les champs. A chaque croisement de chemin,  je sors ma lampe de poche pour éclairer les flèches jaunes ou les coquilles jacquaires afin de ne pas me perdre.


La marche de nuit est une expérience intéressante.  Je n'ai plus du tout les mêmes sensations.  Je suis entré dans le monde des ombres et du silence, quoique !!! Les coqs chantent à tue-tête comme pour couvrir le chant des grillons. Sur le bord du sentier une armée dont on ne voit qu' une seule tête, me fait une haie d'honneur comme pour  le passage d'un personnage important. En y regardant de plus près,  je vois un champ de vignes. Je marche depuis une demi-heure, et sens, au loin, une ombre, une présence sans en deviner la nature. Après quelques minutes, je m'en approche, deux formes longitudinales prennent vie, ce sont sans doute des humains . En effet, je  reconnais le bruit bien spécifique des grincements du sac à dos sous l'effort de son porteur. Oui ce sont bien des pèlerins,  la coquille accrochée à l'arrière du sac, par son balancement, reflète par intermittence la lueur du jour qui poind tout juste. Maintenant, je suis plus près et je confirme, ce sont bien deux pèlerins qui parlent anglais. Je les dépasse en leur faisant un petit " Holà,  buen camino". Le jour se lève et  souligne les formes généreuses et rondes des montagnes environnantes.


Un quart d' heure plus tard, plus de surprise, je retrouve les sensations de la randonnée de jour et je dépasse une pèlerine, oubliées les devinettes. Le spectacle nous est offert sans effort. Mais il faut savoir observer, regarder, pour voir les détails qui peuvent nous émouvoir ou nous faire sourire.





Voilà bien longtemps que j'écris et je ne voudrais pas vous faire rater le village de Torres del Rio,  et son église du St Sépulchre (en espagnol)  avec sa forme octogonale, à 7 kms du départ.


Je rejoins Viana, après 18,5 kms pour y faire une pause. Sur la place de l'église, des situations toujours très chaleureuses se présentent,  ce sont des pèlerins qui se rencontrent à nouveau après un jour ou deux d'absence. Ce qui a été le cas de mon brésilien Walecq. Grandes accolades,  il me remet pour cette occasion, sa petite croix en bois qu'il portait autour du cou.




Il faut continuer le chemin car il est déjà onze heures et la température affichée monte à 25 degrés et il me reste 10 kms.



J'avance sous la chaleur, dans ce paysage brûlé par le soleil. Mirage ou réalité,  au loin une oasis formée par des sapins vont me permettre de souffler un peu.


J'arrive enfin vers 13 h à Logrono, la température est montée jusqu'à 28 degrés, mais un orage se prépare.

Je vais d' abord poser mon sac à dos à l'auberge municipale del peregrinos. Ensuite casse-croûte en terrasse juste avant un bon orage.

J'entre dans un café en attendant l'éclaircie et je remplis mon blog, puis visite de la ville avant de retourner à l'albergue pour faire un petit peu de cuisine et au dodo.