mardi 25 août 2015

25.08.2015 - 1ère étape

St Jean Pied de Port - Roncesvalles - 26 kms - 8h




L'étape va être longue et le dénivelé très important puisque je pars de 200 m d'altitude, pour monter jusqu'à 1.430 m sur 18,5 kms. Réveil à 5h30,  je ne suis pas seul à table, déjà 4 pèlerins plongent dans leur bol pour avaler la potion magique qui nous transportera vers les sommets. C'est donc de beau matin, et plus précisément à 6h30 que j'enfile mon gros sac à dos et que je prends mes bâtons pour sortir de la ville encore toute endormie. C'est dans la nuit que je gagne l'Espagne. J'ai pris un bon petit déjeuner afin de prendre le maximum de forces, car je sais que cette première journée sera difficile et révélatrice : çà passe ou çà casse. Les premières interrogations que j'ai en me levant sont : me suis-je suffisamment entraîné pendant cette année écoulée. La réponse vous l'aurez ce soir, soyez patient, le plus dur, c'est moi qui vais le supporter.


J'ai bien conscience que pour cette première étape, je commence par le dessert. Je vais profiter des somptueuses draperies de la montagne basque, montagne jardinée et pâturée pour atteindre le sommet au col de Lepoeder en Espagne. Mais n'allons pas trop vite en besogne. Je sors de la ville par la porte d'Espagne, naturellement. Je sens le poids de l'histoire en foulant cette voie empruntée par de très nombreux pélerins, mais aussi  ne l'oublions pas, par les légions romaines, l'armée de Charlemagne, les troupes de Charles Quint et de Napoléon.




Dès la sortie de la ville, une pente à 19 % me met en jambes. Je ne suis pas seul, j'ai l'impression de faire la rentrée des classes, à la queue leu-leu, avec notre sac sur le dos et le carnet à faire signer à la maîtresse, notre credenciale. Et au bout de quelques centaines de mètres, la lueur de l'aube commence à éclairer notre chemin. 


Je ne me sens plus seul sur le chemin et je vais adopter le même rythme de marche que mon voisin de droite.



Certains pèlerins font le chemin en vélo, chargés comme des mulets, mais les premiers raidillons font des victimes et ils mettent pied à terre. Encore une petite demi-heure et le soleil va s'extraire de son lit, que je soupçonne d'avoir caché derrière la montagne. 




Tout à coup, comme par magie les quelques nuages ayant revêtu leur tenue sombre de nuit et stationnant au dessus de nos têtes semblent sortir de leur sommeil et les remplacer par des robes de fêtes de couleur jaune. 





Une fois bien réveillés, ils se dispersent pour nous laisser admirer cette jolie montagne bien verte qui se détache sur un ciel bleu azur. Après 3 h de montée sans fin, j'atteins la Vierge de Baikorri, pour y faire une pause et "manger" sans retenue ce paysage. 





Là j'attends quelques instants Jocelyne qui vient m'accompagner jusqu'à Ronceveaux,et qui a pris soin d'avoir fait transporter son sac à dos jusqu'à notre hébergement. Nous repartons pour trois nouvelles heures de grimpette faites de rencontres. Tantôt ce sont les magnifiques pottocks avec leur blonde crinière, tantôt ce sont les Manechs à "têtes noires" patrimoine ovin du pays basque. Ils ont eu la bonne idée de conserver leur gilet blanc à longs poils, car ici lorsque l'on s'arrête de marcher, il ne fait pas bien chaud. 





Nous rencontrons de nombreux pélerins de toutes nationalités, même des français, même de la Mayenne, comme celui qui habite Argentré. J'approche du col de Lepoeder. Aussi je décide de faire ma pose déjeuner après 6h de montée ininterrompue et je choisis un joli cadre, ça met toujours en appétit. 






Je suis surpris d'avoir si bien supporté cette très longue montée de 18 kms, sans trop de fatigue. Vous avez donc la réponse à la question que je me posais en partant ce matin : oui je me suis bien entraîné,  il est vrai que le parcours ne fait que 26 kms. Mais ce n'est pas fini et c'est au col à 1430 m d'altitude que je bascule vers Ronceveaux. 





Mais là la pente est encore beaucoup plus raide que ce matin. Heureusement la descente se fait dans une forêt de hêtres sur seulement 4 kms avant de terminer par une pente plus douce sur les 4 derniers kms. Et en sortant du bois alors que je ne m'y attends pas du tout je tombe nez à nez sur le prieuré de Ronceveaux.




Après la bénédiction des pèlerins à 20h, je passerais à table pour profiter d'un potage (que j'espère de bonnes soeurs),  d'un bon lomo de porc et d'un dessert.

Ensuite j'irais dormir dans un des dortoirs de cet immense immeuble de 150 lits.